« L’Escola de Citou », c’est : une longue discussion joyeuse en couple sur une terrasse espagnole, dévoilant l’envie commune de lancer un projet de restauration, des heures de recherches sur le site SOSVillages beaucoup de démarches administratives, de dégustations de vins et produits, de rencontres et de fouilles dans les brocantes du coin à la recherche des objets qui « feront mouche ».
C’est aussi un déménagement depuis Liège, ville du plat pays, à la découverte d’un village de l’hyper ruralité française, connu pour ses oignons et cerises, et de son ancienne école de village, pleine de charme, où nous vous accueillerons.
Nous serons à la fois au fourneau et en salle, et souhaitons qu’à l’intérieur des murs de cette ancienne école, et sur la jolie terrasse fleurie en balcon, s’installe un rendez-vous convivial, où chacun.e viendrait comme ielle est afin de partager des petits plats réalisés avec sentiment et simplicité.
Tous deux avons également à cœur de valoriser le territoire local, son patrimoine, sa terre, ses femmes et hommes passionné.e.s en travaillant des produits de terroir et de saison, tout en accordant un soin particulier à organiser, en fonction des élans spontanés et des événements préexistants, des rencontres culinaires et culturelles thématiques en lien avec les habitant.e.s.
Pendant quelques années, j’ai varié les expériences : cuisinière pour une « table d'hôtes » de gîte-refuge dans les Alpes, de hamburgers et frites en foodtruck, de petits déjeuners dans une boulangerie associative et un hôtel de charme à Liège, vendeuse de variétés anciennes de fraises bios, maraîchère en permaculture au service des restaurants dits « gastronomiques ». J’ai aussi travaillé dans une petite ferme laitière et ovine en Islande, récolté du thym sauvage en Nouvelle-Zélande et réalisé un stage dans un restaurant plein d’inventivité à Seraing.
J’ai également suivi une formation longue en « Éducation et Communication sur l'environnement » qui m’a amenée à travailler dans une association d’Education à l’environnement. En parallèle, j’ai été formée à la cuisine de plantes sauvages comestibles, pratique que j’affectionne particulièrement.
Avant ces expériences et formations, j'ai suivi des études de cinéma documentaire. Dans le cadre d’un cours donné par Thierry Michel, documentariste belge, j’avais réalisé mon premier et unique court métrage « Ballet culinaire ». On y voit les mains de ma grand-mère qui confectionne les biscuits au citron avec sa vieille machine aux embouts usés et robustes et celles des étudiant.e.s d'un chef dont j'affectionnais tant la cuisine que les valeurs.
Il a du fermer son restaurant, mais je n'ai pas oublié.
Je n’ai pas oublié non plus les sucettes au miel dont je gardais les emballages dans mes nombreux carnets, les saucissons-tomates fraîches avalés au sommet d’une montagne, le café qui siffle le matin en bivouac, la cuisson des champignons sauvages sur un feu de bois, les glaces au miel et lait de chèvre le long du canal, la paëlla de notre premier rendez-vous amoureux, l’île flottante et le yaourt pêches-romarin de mes anniversaires, la blanquette de veau de papa et son cérémonial.
Du « Je me gouffre ! », lancé petite pour décrire ma gourmandise, au « syndrome de la carte de restaurant », tant les possibilités de titiller les sens sont nombreuses en gastronomie, ma famille y a puisé de quoi créer des expressions qui traversent les décennies et me représentent.
Rétrospectivement, je perçois quantité de radicelles dans mon parcours qui m'ont menée, par des chemins de traverse, vers ce projet collectif à Citou où je serai très heureuse de partager à la fois des petits plats et des bouts de vie avec vous.
Mon parcours commence, comme pour beaucoup d’autres, dans la cuisine familiale, celle de ma mère et de ma grand-mère. Déjà, depuis l’enfance, ma famille attirait mon attention sur ce qui était présent dans mon assiette : des saveurs, des produits, des coutumes et des histoires. La cuisine a toujours été un endroit d’échange, de réconfort et de rire. Les ballotines de choux verts farcies à la viande hachée aromatisée au cumin et servies avec une sauce béchamel allongée au bouillon dont ma mère a le secret annonçaient l’arrivée d’un hiver chaleureux. La Paëlla alicantine de ma grand-mère, cuite sur la terrasse de leur maison à la plage en Espagne ou au barbecue à la montagne, promettait des vacances réussies et pleines de soleil. Du plus jeune âge jusqu’à aujourd’hui encore, une bonne cuisine, savoureuse et pleine de sens, m’accompagne.
Lorsque j’ai eu 21 ans, ma mère a décidé de sauter le pas et d’ouvrir un restaurant au centre de Liège. Sans aucune expérience professionnelle dans ce domaine, elle devint Cheffe du jour au lendemain et ce fût un succès. Sur notre enseigne, on pouvait lire : « Como en Casa, taverne bio gastronomique », ce qui signifie : « Comme à la maison » ou « Je mange à la maison ». Une cuisine sans nationalité avec en leitmotiv les valeurs du slow food et une éthique culinaire engagée autour du bon, du propre et du juste. C'était aussi un des seuls restaurants de Belgique à proposer 80% de ses produits en bio. La cuisine que je propose aujourd’hui poursuit cette philosophie. Le bon pour les produits de qualité et goûteux, le propre pour le respect de la biodiversité et de la nature, et le juste pour une rémunération décente et équitable du.de la paysan.ne, du. de la producteur.rice et du.de la transformateur.rice. Juste de la fourche à la fourchette.
J'ai accompagné ma mère dans ce projet pendant six ans en travaillant en salle et ensuite à ses côtés en cuisine. Chaque jour, nous préparions pour les 50 couverts quotidiens, des gambas au curcuma-gingembre, du bœuf au pavot, des magrets de canard au porto, des risottos aux fraises, des calamars au chorizo, des tartares de betteraves, et des centaines d’autres recettes. Pour fournir de meilleurs conseils aux clients sur les vins et les alcools, j’ai suivi une formation de base en œnologie et commencé à concevoir des rhums arrangés, des limoncello et d’autres alcools à base d’herbes aromatiques. Notre restaurant familial m’a offert une formation complète et a approfondi mon amour pour la cuisine.
Après cette expérience au restaurant, j’ai décidé de continuer l’aventure à domicile et développé mes propres recettes. Ma cuisine devenait mon laboratoire. Pendant la crise sanitaire, j’ai décidé de m’inscrire à des cours pour devenir restaurateur-traiteur et faire de ma passion, mon métier. J’ai exercé pendant deux ans comme indépendant complémentaire et depuis le 2 juillet 2022, je suis co-chef de notre premier restaurant « L’Escola ». Réaliser un bon repas, généreux et festif assure une soirée agréable, avec des discussions passionnées et des moments inoubliables. Bien manger, partager, rend heureux.
Tout au long de ma carrière professionnelle et dans ma vie privée, j’ai travaillé et lutté avec des organisations qui défendent des valeurs proches des paysan.ne.s, des artisan.ne.s et des maraîcher.es locaux. Nous avons mené des campagnes pour la souveraineté alimentaire et pour nos producteurs, nos commerces, nos groupes d’achats commun (GAC) et nos coopératives. Pour qu’ensemble, nous puissions finalement œuvrer pour une alimentation et une éthique culinaire durable, locale et solidaire.
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